Les États et territoires insulaires océaniens sont particulièrement exposés aux risques de sécurité sanitaire que représentent les maladies infectieuses émergentes et réémergentes, comme la dengue ou la rougeole.
Les services de laboratoire de santé publique doivent donc être renforcés pour garantir des diagnostics rapides, fiables et précis.
S’appuyant sur les réseaux et partenariats en place, la Communauté du Pacifique (CPS) continue de soutenir les îles du Pacifique dans cette tâche essentielle.
La CPS, par le biais du Réseau océanien de surveillance de la santé publique (ROSSP) et avec le soutien de l’Australie, a récemment organisé la première formation de formateurs consacrée au transport de substances infectieuses. En accordant une certification aux pathologistes et directeurs de laboratoires de neuf pays océaniens, l’Association du transport aérien international (IATA) y a contribué.
Les licences délivrées par l’IATA permettent aux pays océaniens certifiés d’avoir accès à des services de biologie médicale à l’étranger lorsqu’il est impossible de réaliser ce type d’analyse sur place.
Qu’est-ce qu’une substance infectieuse ? En quoi l’emballage est-il important ?
Il s’agit de substances pathogènes ou de micro-organismes (des bactéries ou des virus par exemple) qui peuvent provoquer des maladies chez les humains ou les animaux.
Nathan Ansa Wate, technicien médical principal (Îles Salomon)
« Il faut respecter la réglementation relative au transport de substances infectieuses. Les substances infectieuses dont on parle peuvent contaminer d’autres personnes, donc il faut prendre des précautions lorsqu’on les transporte et les emballer correctement, pour éviter les fuites. Par exemple, si une substance se répand dans un avion, les passagers risquent d’être contaminés et l’appareil peut même être cloué au sol. Outre les conséquences économiques, il existe un risque de transmission à la fois sur place et dans le pays hôte. »
Cette formation des formateurs répond à l’une des ambitions du ROSSP : veiller à ce que des formations et des actions de renforcement des capacités des services de laboratoire de santé publique existent au sein de ce groupement volontaire de pays et d’organisations qui se consacre à la promotion de la surveillance de la santé publique.
Ajay Pande, formateur (IATA)
« Ce type de formation contribue à la bonne gestion de l’emballage, du marquage, de l’étiquetage et de documentation des substances infectieuses. Par conséquent, a minima du côté de l’expéditeur, les choses sont faites dans les règles de l’art et le transport ne peut pas être refusé. Les règles évoluent sans cesse, de nouvelles sont ajoutées... Et le transport des substances infectieuses relève du transport de produits dangereux. Les règles applicables à ces produits peuvent également changer, donc c’est là encore une question de sécurité. Le fait de suivre une formation tous les deux ans permet de ne pas se reposer sur ses lauriers, de se remettre les idées au clair et d’être sensibilisé aux nouveautés. »
Pourquoi cette formation est-elle importante ?
Peter Rarua, responsable opérationnel chargé de la qualité et des laboratoires (Vanuatu)
« Cette formation est importante pour nous qui envoyons des substances infectieuses vers d’autres pays. Je pense que c’est un élément essentiel des systèmes de gestion de la qualité au laboratoire. Il faut connaître la réglementation relative à ces substances et à leur transport. »
Janlyn Kumbu, directrice de laboratoire par intérim (Papouasie-Nouvelle-Guinée)
« Participer à cette formation pour devenir formatrice pour l’IATA compte beaucoup. Une fois rentrée, je pourrai former mes collègues et leur expliquer comment expédier des produits dangereux, notamment des substances infectieuses. »
Nathan Ansa Wate, technicien médical principal (Îles Salomon)
« Cette formation était une première en Océanie. Dans nos pays insulaires, le transport de substances infectieuses, que ce soit par les airs ou par la mer, constitue toujours une menace. Il est donc important de pouvoir se former. »
Telesia Apikotoa, technicienne médicale senior (Tonga)
« J’ai beaucoup appris pendant cette semaine et j’ai hâte de rentrer aux Tonga pour former nos équipes. »
La Division santé publique de la CPS œuvre sans relâche pour renforcer la surveillance en santé publique et la riposte aux maladies infectieuses en Océanie en collaboration avec le ROSSP. Pour que les échantillons puissent être rapidement expédiés pour analyse, il est essentiel que les laboratoires de santé publique nationaux disposent d’un personnel certifié. Le diagnostic biologique précoce des substances infectieuses permet de prendre les mesures de sensibilisation et de lutte nécessaires pour prévenir la propagation des infections.
Paula Vivili, Directeur de la Division santé publique de la CPS
« La formation des formateurs est un moyen économique de renforcer les capacités des pays, car les formateurs rentrent chez eux avec des compétences qu’ils peuvent transmettre aux équipes. L’Océanie est une région exposée aux maladies infectieuses. Quand une épidémie se déclare, il est essentiel de pouvoir emballer les échantillons et les transporter en toute sécurité vers les laboratoires d’analyse. »
À propos du ROSSP :
Le Réseau océanien de surveillance de la santé publique (ROSSP) est un groupement volontaire de pays et d’organisations qui se consacre à la promotion de la surveillance de la santé publique et s’efforce de répondre efficacement aux problèmes de santé qui se posent dans les 22 États et Territoires insulaires océaniens.
Le ROSSP a été créé il y a 23 ans, en 1996, sous l’égide commune de la Communauté du Pacifique (CPS) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en étroite concertation avec les 22 États et Territoires insulaires océaniens et plusieurs partenaires régionaux.
Il travaille prioritairement sur les maladies transmissibles, notamment sur les maladies à potentiel épidémique telles que la dengue.
Depuis deux décennies, le ROSSP s’emploie sans relâche à réduire les risques et protéger les populations océaniennes de ces maladies. Il propose six services de base aux États et territoires insulaires océaniens afin de renforcer leurs capacités en matière de surveillance et de lutte contre les épidémies :
- PacNet (alerte et communication) ;
- le Système océanien de surveillance syndromique (détection des épidémies) ;
- LabNet (identification et confirmation des maladies) ;
- EpiNet (préparation et riposte) ;
- PICNet (prévention des infections et lutte anti-infectieuse) ; et
- SHIP-DDM (développement et renforcement des capacités).